Il y a 25 ans, en 1992, au centre hyperbare de la COMEX à Marseille, une équipe de trois plongeurs professionnels, volontaires et courageux atteignaient en caisson à Marseille, sous la direction d’HG. Delauze et du Dr. X.Fructus, la profondeur record de 700 mètres (soit 70 fois la pression atmosphérique !), dépassant de quelques mètres les trois plongeurs américains d’ATLANTIS 4.

Cette performance n’aurait pas été possible sans l’utilisation de l’hydrogène dans le mélange HELIOX (mélange HYDRELIOX). En effet ce gaz deux fois plus léger que l’hélium, permet de réduire la densité des gaz respirés à grande profondeur. Mais nous n’avons gagné que 100 mètres sous HYDRELIOX, par rapport aux précédentes plongées expérimentales réalisées en HELIOX (PHYSALIE 6 et SAGITTAIRE 4) ! Pourquoi si peu de différence ?

Nous avons découvert, au cours de notre programme de recherche HYDRA, que l’hydrogène est un gaz « narcotique » au-delà de 20-25 bars de pression. Il aurait fallu en utiliser plus à 700 m (de l’ordre de 30 bars), afin d’atténuer plus efficacement l’effet pression et le SNHP (Syndrome Nerveux des Hautes Pressions), et alléger ainsi de plus de 10 bars (100 mètres) le mélange respiré, pour espérer dépasser cette profondeur.

Avec l’hydrogène nous avons testé tous les mélanges gazeux possibles pour la plongée à grande profondeur. En effet, le rajout d’azote dans l’HELIOX à une pression non narcotique mais suffisante pour atténuer efficacement le SNHP, augmente aussi la densité du mélange respiré, et à 11 g/l (600 mètres HELIOX), le plongeur voit sa capacité d’effort et de travail diminuer de 50% ! Alors que reste-t-il à essayer pour dépasser les 600 mètres en HELIOX et les 700 m en HYDRELIOX ?

Rajouter de très petites quantités d’un gaz très narcotique, à fort pouvoir anti-SNHP, comme le xénon ou le protoxyde d’azote (70 mbars serait suffisant pour atténuer l’effet de 70 bars de pression) ? Il y a quelques années le Dr. Halsey avait pu atteindre, avec des souris, la pression extrême de 240 bars (densité de 40g/l).
Augmenter les capacités respiratoires du plongeur, par l’exercice contre résistance, comme l’a fait le Dr. Giry chez les plongeurs de la Marine Nationale. Et ou, apporter au plongeur une vraie assistance respiratoire (mais les essais dans ce sens n’ont pas abouti).

Pourra-t-on un jour dépasser les 700 mètres atteint par S. Icart, T. Mavrostomos, et R. Peilho il y a 25 ans? Et dans quel but ? Car actuellement, il n’est plus question, que l’homme intervienne directement sous l’eau au-delà de cette profondeur extrême dans le cadre d’activités pétrolières en mer.

Bon anniversaire Hydra 10